L'HISTOIRE DES SOARNS
L'histoire d'un lieu c'est d'abord celle des luttes pour sa conquête, des grandes choses qui s'y sont réalisées, des bâtiments publics qui y ont été construits et la façon dont les gens y ont collectivement vécus. L'histoire des Soarns est donc difficile à raconter. Ce quartier n'a jamais été le centre d'un pouvoir politique quelconque, aucun grand homme n'y est né ou y a vécu et rares ont été les bâtiments publics qui y ont été construits. On est donc forcé de se rabattre sur son histoire économique et foncière. Quelques renseignements anecdotiques pouront être trouvés dans les pages sur "la migration de Soarns" et "Les Soarns sous l'occupation".
Sous l'ancien régime
Jusque dans les années cinquante, les Soarns étaient une campagne éloignée de plus de deux kilomètres des premières maisons de la ville d'Orthez. Autant que l'on puisse remonter dans le passé, on n'y trouve aucune autre activité économique en dehors de l'agriculture. Comme dans les autres paroisses rurales des environs, les fermes sont éparpillées dans la campagne et il n'existe pas réellement de bourg. C'est à peine si, sous l'ancien régime, l'église retient péniblement autour d'elle un cimetière et trois maisons sur la trentaine établies dans ce quartier. On n'en sait pas beaucoup plus sinon qu'une carrière y existait depuis le moyen-âge avec les pierres de laquelle a été construit en 1242 le château d'Orthez.
De la révolution aux années 1950
Ce n'est qu'au début du dix-neuvième siècle, avec l'établissement en 1828 du cadastre, que l'on a quelques données plus précises. Il y a deux cent ans, les 500 ha du territoire étaient partagés entre une quarantaine de maisons. Celles-ci représentent en général chacunes, avec les terres qui les entourent, des exploitations agricoles grosses de 10 à 20ha. Les deux tiers d'entre elles, soit près de 60% des terres, appartiennent à une dizaine d'Ortheziens fortunés. C'était une pratique courante jusqu'après la seconde guerre mondiale que des marchands ou des négociants prospères de la ville placent leurs économies dans l'achat de métairies qu'ils louaient à des paysans. La résidence habituelle de ces bourgeois était à Orthez mais ils se réservaient pour les "week-ends" et les vacances d'été une de ces maisons "de campagne" dont ils étaient propriétaires. Cette dernière était souvent aussi une ferme qu'ils exploitaient, à l'aide d'ouvriers agricoles, pour leur propre compte et qui avait été, pour plusieurs d'entre eux, l'oustau de leur famille.
Sur les 500ha du quartier, 200ha sont en terres labourables, autant en prés et pâtures, 50ha en bois et taillis et le reste en chemins, fossés, ruisseaux... Chaque exploitation a des terres qui se répartissent entre ces différentes catégories dans les mêmes proportions. A savoir pour moitié environ de terres labourables, l'autre moitié en paturages et un peu de bois. Ce ne sont donc pas des fermiers spécialisés. Leur production se répartit en céréales (surtout maïs) et en élevage (bovins).
On trouve aussi à la même époque deux moulins sur les deux ruisseaux du quartier. Le "Moulin des sources" sur le Rountrun à l'emplacement du camping actuel et un moulin sur le ruisseau qui longe l'ancienne route d'Arzacq. Ces moulins n'ont été construits qu'au XIX° siècle puisque l'on sait que, jusqu'à la révolution, tous le orthéziens étaient tenus de porter leur blé à moudre au moulin seigneurial (actuellement la minoterie), seul moulin autorisé à Orthez.
La carrière de pierres est toujours là. Au début du XX° siècle, avec la disparition des constructions en pierre, elle se reconvertit et, par l'adjonction d'une usine, fait transformer son calcaire en ciment.
Les Soarns actuels
Les choses évoluent considérablement après la seconde guerre mondiale en raison de trois phénomènes concomittants:
La découverte en 1954 du gisement de gaz de Lacq à 18Km d'Orthez, va faire plus que doubler la population de la ville. Durant les deux décenies qui suivront, de nombreux lotissements vont être créés dans les quartier périphériques d'Orthez où les cadres moyens des entreprises travaillant autour du gisement viendront construire leurs pavillons. Aux Soarns le phénomène est soutenu par la construction d'une école primaire qui contribue à rendre le quartier attractif pour les jeunes ménages..
L'après-guerre voit aussi l'apparition de nouvelles lois agricoles qui favorisent l'accession à la propriété pour les metayers, la disparition des petites exploitations, les placements d'économies en SICAV et autres valeurs mobilières qui remplacent les placements en métairies. Alors les structures agricoles se transforment et quelques rares agriculteurs, qui ont pris le risque de s'endetter lourdement, se retrouvent propriétaires d'exploitations trois fois plus grosses que les exploitations traditionnelles.
Enfin, en raison de la crise née dans les années 70, et dans l'esprit de la planification, les petites villes de province se lancent dans la création de zones industrielles supposées attirer des usines dans les banlieues traversées par les voies à grande circulation, proches d'une gare ou d'une bretelle d'autoroute..Elles restent en général vides jusqu'à ce que les municipalités se résignent à en vendre les parcelles à des commerçants.
C'est ainsi que les Soarns deviennent ce qu'ils sont aujourd'hui, une banlieue pavillonaire dortoir équipée d'une importante zone commerciale d'entrée de ville (trois grandes surfaces de matériel de bricolage, un hypermaché, quatre garages, deux petites usines d'agroalimentaire...) et moins de cinq agriculteurs...
Qu'on ne s'imagine pas pour autant que les Soarns sont un désert en matière de services publics. Certe l'église à disparu, mais pas le cimetière. A l'école se sont ajoutés un camping réputé et une splendide rivière artificielle pour les pratiquants de canoë-kayak qui attire les clubs sportifs de toute l'Aquitaine et du nord de l'Espagne.