LA MIGRATION DES SOARNS
Contrairement à ce que l'on peut penser, les villes, et à fortiori les villages, se déplacent. Certe, ce mouvement est très lent et ne se perçoit que sur des durées de centaines d'années. Il faut étudier les Soarns sur plus de trois cent ans pour constater que son "centre" s'est progressivement déplacée de presque 3 Km.
![]() |
A la fin du XVII° siècle la banlieue des Soarns est constituée de fermes éparpillées dans la campagne. L'église et le cimetière sont les seuls bâtiments "publics". Ils sont implantés à deux cent mètres environ de la rivière. Autour de ces bâtiments trois ou quatre maisons. C'est le coeur du quartier. Cette toute petite agglomération est probablement proche de l'origine historique des Soarns. Bien qu'elle ne soit plus boisée, toute la partie qui se trouve au Sud de la route et au bord de la rivière se nomme encore aujourd'hui les saligues. Ce mot béarnais désigne des fôrets d'arbres exigeants en eau qui poussent au bord du Gave, dans des zones souvent marécageuses. L'équivalent en basque est zuhartze, d'où pourrait venir le nom de Soarns. Cela expliquerait l'utilisation du pluriel pour le nom du quartier. Si cette théorie se vérifie, cela démontrera que l'installation du quartier remonte au-delà du VIII° siècle, lorsque le basque était encore en usage ici. |
![]() |
A la révolution. Longtemps, la route qui méne d'Orthez à Pau n'est qu'un mauvais chemin de terre dans lequel, par temps de pluie, s'embourbent hommes et charriots. Au milieu du XVIII° siècle, pour transporter les céréales, la toute jeune administration des Ponts et Chaussées fait construire une route pavée. Les déplacements s'accélèrent Si les maisons sont encore construites trés espacées les unes des autres, on remarque qu'elles sont plus nombreuses au bord de la nouvelle route. Même la sacristie, habituellement à coté de l'église, est établie non loin de la chaussée. Il est probablement devenu plus rapide pour le curé de se rendre à Orthez par la route que par l'ancien chemin pourtant plus direct. |
![]() |
Au XX° siècle l'église
disparaît et avec elle tout l'attrait de la zone des
saligues. De plus, une école est construite au Nord de
la route. Comme il s'agit du seul bâtiment public c'est
elle qui va attirer les nouvelles maisons qui vont être
construites après la découverte du gisement de gaz de
Lacq. Le quartier est maintenant sur les hauteurs, bien loin de sa situation originelle, mais le cimetière subsiste en témoignage des temps passés. |